Éditorial par André Ciavaldini, Directeur de programme du CRIAVS Rhône-Alpes

Le 13 avril 2010, la chambre criminelle de la cour de cassation se prononce en faveur de l’annulation du verdict qui avait condamné Loïc Sécher en décembre 2003 à seize ans de réclusion criminelle pour viols et agressions sexuelles sur une mineure, Émilie, qui à l’époque des « faits » aurait eu treize ans. Erreur judiciaire dit-on. Dernière en date de quelques autres en matières de criminalité sexuelles.

Que l’on se souvienne, nous sommes dans le milieu des années 1990 et Virginie a 14 ans, elle dira à une camarade de classe que son père abuse d’elle. Le 12 juin 2001, Antonio Madeira, le père de Virginie, était condamné à 12 ans de réclusion criminelle et à dix ans d’interdiction de ses droits civils, civiques et de famille pour des viols répétés sur sa fille Virginie. Le 27 février 2006, après soixante quatorze mois d’emprisonnement, il sera remis en liberté. En juin 2006, un recours devant la Cour de Cassation a été déposé afin que son innocence soit reconnue.

Presque dans les mêmes années, le 25 février 2000 les enfants de Thierry et Myriam Delay sont placés dans des familles d’accueil et révèlent les « maltraitances sexuelles » qu’ils auraient subies de la part de certaines personnes. 17 personnes seront placées en détention provisoire. C’est le début de l’affaire d’Outreau. Le 2 juillet 2004 la Cour d’Assises prononce dix condamnations et sept acquittements. Le 1er décembre 2005, la Cour d’Assises d’appel de Paris acquitte tous les accusés et l’État présente ses excuses.

À la source de toutes ces affaires, il y a le mensonge. Émilie a menti, Virginie Madeira a menti. Myriam Badaoui a menti. Mentir à ne plus pouvoir s’en dégager. Et les sanctions sont tombées, justes au regard des faits avancés, mais féroces au regard de la vérité, blessantes et humiliantes au regard de ceux que l’on n’a pas crus. Ne peut-on se demander ce que révèle de tels mensonges ? Pourquoi tant d’ardeur à croire les victimes ?

L’écoute compassionnelle, promue par certains de nos hommes politiques, vient obérer notre capacité à entendre le désespoir que suscite notre civilisation. Une civilisation du nombre, de la masse qui n’investit plus le sujet en tant qu’être de parole. Les fausses-victimes s’emparent du mensonge social qu’est la violence sexuelle. Le fait qu’elle délabre individuellement l’humain qui la subit, ne doit pas masquer ce qu’est cette violence : la preuve qu’une fois de plus notre civilisation a échoué à endiguer la sexualité humaine et ce qui fait violence en elle, son irréductible différence. Alors, on a fabriqué des monstres, les pervers sont de cette engeance-là. Le pervers, celui que l’on disait inéducable et inamendable, est celui que l’on ne questionnera pas sur ce qu’il est, mais sur ce qu’il a fait. L’identité réduite aux acquets suspicieux de la cécité psychiatrique.  Dire avoir été agressé sexuellement, c’est encore se garantir d’une chose : la question sourde de la souffrance, du mal être sera obéré, éludé, au profit du bruit des faits. Ainsi, l’utilisation de la violence sexuelle, avérée ou imaginaire, reste le meilleur moyen de cacher, à soi-même et au monde, une vérité : que du désespoir est à l’œuvre par la terrifiante transformation de la différence en injustice.

Le CRIAVS-Rhône-Alpes, Centre Ressource pour les intervenants auprès d’auteurs de violence sexuelle, Délégation de Lyon, propose depuis Octobre 2009, un groupe clinico-théorique pour les intervenants auprès d’auteurs de violence sexuelle mineurs, des départements du Rhône et de l’Ain (secteurs de la délégation).

Face aux difficultés que chacun d’entre nous peut rencontrer dans un suivi, quel qu’il soit, de mineurs auteurs de violences sexuelles, le CRIAVS s’est engagé à offrir un espace d’échanges, autour de la clinique des jeunes très violents et/ou auteurs d’agressions sexuelles.

Ce groupe se veut ouvert en termes de participation et de références conceptuelles. Il s’agit d’un lieu de réflexion et d’élaboration, entre professionnels d’institutions différentes (PJJ, secteur habilité, CER, CEF, CMP, ASE, Conseil Général, etc.…), autour des mêmes questions.

Ces rencontres mensuelles ont lieu le vendredi matin, de 10h à 12h, dans les locaux du CRIAVS Rhône-Alpes, Délégation de Lyon, 20 rue Delandine, 69002 Lyon.

Suite à la forte demande de professionnels, un second groupe clinico-théorique pour les intervenants auprès des AVS mineurs pourra être mis en place à partir d’Octobre 2010.

Par ailleurs, la délégation de Lyon envisage de constituer un groupe similaire, à compter de la rentrée 2010, pour les intervenants auprès de majeurs AVS, compte tenu des nombreuses sollicitations pour ce type de prise en charge.

Une réunion d’information concernant ces dispositifs se tiendra le :

Vendredi 25 juin 2010, au sein des locaux du CRIAVS de la délégation de Lyon

20 rue Delandine

69002 LYON

-    de 9h à 10h30 pour les intervenants auprès d’AVS majeurs

-    de 10h30 à 12h pour les intervenants auprès d’AVS mineurs

Toute personne intéressée à venir nous rencontrer ce jour, ainsi qu’à participer à ces futurs échanges, peut nous contacter dès à présent, afin que ces groupes puissent être constitués rapidement et débuter dès le mois d’Octobre prochain.

Chariot P. et Debout M. (dir.) (2010). Traité de médecine légale et de droit à la santé. Paris, éd. Vuibert, 718 p.

Par André Ciavaldini

Ce nouveau « Traité de médecine légale et de droit à la santé à l’usage des professionnels de la santé et de la justice »  est dirigé par Patrick Chariot professeur de médecine légale à l’université Paris XIII, membre de la commission nationale de déontologie de la sécurité et Michel Debout, professeur de médecine légale à l’université Jean Monnet (Saint Étienne) et Président de l’Union nationale pour la prévention du suicide. Cet ouvrage regroupe 90 auteurs dont chacun constitue une référence en sa matière.

L’ouvrage est fractionné en deux parties. La première constitue le traité de médecine légale proprement dit. Il présente un panorama des situations de violence dans leur gravité clinique, leur réalité sociale et leur épidémiologie. Chaque situation traitée l’est selon un plan systématisé qui rend sa lecture particulièrement aisée à consulter. La seconde partie aborde les rapports entre médecine et justice, ce qui permet aux praticiens du droit et de la santé de montrer que la pratique de la médecine légale s’étend bien au-delà de la simple autopsie. Lire la suite

Détails, contacts et programme des événements ci-dessous sont disponibles ici.

-  Le 14/06/2010 - Soirées du CRIAVS - Délégation de Lyon : Le fonctionnement inconscient des familles incestueuses, une autre compréhension de l´inceste par Bernard SAVIN

-  Du 16/06/2010 au 18/06/2010 - Le traitement...Comment procéder ?

-  Le 18/06/2010 - CRIAVS Midi-Pyrénées : Soigner les auteurs de violences sexuelles ?

-  Le 21/06/2010 - ARTAAS - Journée Nationale de formation : Le Médecin Coordonnateur : Auxiliaire de justice ?

-  Le 21/06/2010 - Adolescents sympathiques - Adolescents Antipathiques : Quels effets sur les pratiques ?

-  Le 23/06/2010 - Colloque "Psy et Crimino - Crimino et Psy"

-  Le 25/06/2010 - Rencontres du CRIAVS - Délégation de Saint-Etienne : Accueil, évaluation et dispositif de prise en charge de l´auteur de violences sexuelles judiciarisé par André CIAVALDINI

Vous organisez un événement, une formation sur la thématique des violences sexuelles ou : historique, sociologie, droit, étude... N´hésitez pas à nous communiquer vos informations par mail.

* NOUVEAU : mise en place des bulletins hebdomadaires de la documentation - en collaboration avec les CRIAVS au niveau national - retrouvez chaque semaine les informations repérées nationalement concernant la presse, les derniers articles, rapports et autres documents publiés sur la thématique, la veille médias ainsi que la veille juridique.

Consultez les derniers bulletins et/ou inscrivez vous en ligne

* RAPPEL : Le centre de documentation du CRIAVS Rhône-Alpes répond à vos demandes documentaires et d´ouvrages gratuitement par email, téléphone ou directement sur place sur RDV à Grenoble. Consultez les informations concernant le fonds documentaire ou le fonctionnement du centre de documentation.

* THESEAS : Accès à la base de données documentaire nationale des centres ressource.

* Consultez la liste des acquisitions du mois de juin 2010 du centre de documentation

* SERVICES EN LIGNE :

- Consulter le panorama de presse de mai 2010

- Les dernières publications repérées et notamment :

•    Philippe Givre et Anne Tassel. Le tourment adolescent. Tome 2. Paris : PUF, 2010, Collection le fil rouge, 352 p.

•    Enquête Ipsos sur les victimes d´inceste

•    De la pornographie en Amérique - La Liberté d´expression à l´âge de la démocratie délibérative, de Marcela Iacub, Fayard, "Histoire de la pensée", 330 p.

•    L’Invraisemblable histoire de Georges Pessant, de Bertrand Leclair. Éditions Flammarion, 270 p.

- Revue de sommaires francophones et anglophones (en collaboration avec le CRIR-AVS PACAC)

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- Éléments repérés dans les médias : cinéma, expositions, télévision...

Rentrée 2010-2011 : inscriptions ouvertes pour ce DIU créé en partenariat avec l´Université Lumière Lyon 2, l´Université Claude Bernard Lyon 1 et L´Université Joseph Fourier de Grenoble.

Cet enseignement a pour objectif d´apporter une connaissance suffisante et actualisée des questions cliniques nécessaires pour la prise en charge thérapeutique des auteurs de violences sexuelles.

Il repose sur le principe d´une approche pluriaxiale: clinique, thérapeutique et éthique mais aussi pénale et judiciaire.

Il concerne les praticiens et les chercheurs (médecins, psychologues, infirmiers, travailleurs sociaux, juristes, sociologues, anthropologues...) qui désirent approfondir leurs connaissances et construire leurs pratiques dans ce domaine, au delà de leur formation initiale. 

Il participe à la mise en place d´une base de connaissances communes et au développement de réseaux pour des professionnels, souvent isolés, confrontés à un domaine clinique encore en recherche.

Enfin, il permet aux étudiants d´acquérir une formation spécifique en vue de leur orientation, et il peut participer utilement à la formation des cliniciens souhaitant s´orienter vers l´expertise pénale.

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