Lettre d´information Septembre 2011 - Suite

Justice restaurative (Suite)

Ces rencontres deviennent des moments privilégiés de (re)découverte de l’humain chez chacun des protagonistes. Au départ bien sûr les représentations des uns sur les autres sont conflictuelles. Les victimes sont souvent enfermées dans une représentation du « monstre » caractérisée par une grande froideur et forte violence. Les détenus sont persuadés que les victimes sont animées uniquement pas la vengeance.

 

Pourtant dès les premières rencontres une empathie réciproque s’installe, les auteurs de l’article l’évoquent « l’alliance des souffrances ». C’est comme si les détenus prenaient conscience de la souffrance des victimes « brisée à vie » et celles-ci de la souffrance carcérale des détenus et des pertes collatérales sur leur famille et entourage.

 

Les victimes attendent des détenus des éclaircissements sur les raisons des passages à l’acte, points souvent restés sans réponse depuis leur victimisation.

 

En face les détenus quoique assumant leurs actes sont le plus souvent dans l’incapacité de les expliquer tout en ne se considérant pas comme malades. Dans ce processus les victimes tentent peu à peu à détacher l’acte qui reste monstrueux de la personne du détenu, plutôt désemparé…

Les échanges sont sources de tension tant chez les victimes que chez les détenus, deviennent sources de blocage dans le cheminement de chacun avec des sauts, des stagnations, des régressions.

 

Un danger perceptible est de voir les victimes s’installer dans une posture d’écoute sans véritable partage avec les détenus : elles évoquent le discours trop lisse des détenus.

 

En fait les victimes désirent, elles-aussi être questionnées par les détenus sur leur vécu, leur réactions et leur deuil. Seulement les détenus saisissent naturellement surtout l’opportunité de leur écoute et de leur empathie pour parler d’avantage d’eux et se confrontent ainsi à la souffrance du cheminement au travers de l’épreuve du récit des actes commis. Un tel exercice de verbalisation leur est très douloureux et générateur d’émotion, ils n’en sortent pas indemnes.

Le cheminement des victimes vers un certain apaisement n’est pas non plus des plus simples car il passe par « la quête de récit et de vérité factuelle » et le dépassement de l’ambivalence qui en résulte : entre l’empathie et l’identification aux détenus et le rejet des actes criminels qu’ils ont commis.

Le bénéfice de ces rencontres pour les détenus se détachent difficilement de leur apport aux victimes car il résulte d’avoir permis aux victimes de croire à nouveau dans l’être humain grâce à la mise en évidence de leur humanité. Ce faisant, c’est comme si, ils s’étaient réhumanisés à leurs propres yeux et grandis en estime d’eux-mêmes.

 

Pour les victimes la satisfaction tirée de ces rencontres est aussi de se rendre compte qu’il n’y a pas toujours d’explications logiques du passage à l’acte et qu’il faut admettre une part d’ombre dans la victimisation qu’elles ont subie afin d’avancer dans leur processus de deuil.

 

Lire la chronique du CIRAP dans son intégralité

 

En savoir plus sur la justice restauratrice : La Revue Nouvelle Mars 2011 / n°3 : Justice restauratrice, justice d’avenir ? - Consulter le sommaire

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