Lettre d´information du CRIAVS Rhône-Alpes n°12 - Juillet/Août 2010
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Quand la bienpensance ignorante (le décret sur les psychothérapeutes) vient détruire les dispositifs de soins protégeant les citoyens

Éditorial par André Ciavaldini, Directeur de programme du CRIAVS Rhône-Alpes

 

Juste avant la période estivale, nous est parvenu un bruit d’orage. Éclat sourd d’un tonnerre lointain et pourtant qui a de quoi nous inquiéter. Le bleu du ciel thérapeutique s’est obscurci brutalement en même temps que l’air s’alourdissait brusquement dans le champ du soin. Le décret nouveau sur les psychothérapeutes est arrivé. Il a sidéré d’abord, puis encoléré, et cela à juste titre, la profession des psychologues cliniciens. « Incompréhensible » fut l’adjectif employé par certains, « irrespectueux » par d’autres, « injurieux » par beaucoup. Je ne m’appliquerai pas à montrer la justesse de ces qualificatifs, si ce n’est pour rappeler la méconnaissance profonde de la formation d’un psychologue clinicien à ceux qui ont rédigé ce décret. Si c’est ainsi que l’on se représente en « haut lieu » le psychologue clinicien alors c’est affligeant. Affligeant d’incurie.

 

Cela n’est-il pas le symptôme d’une césure de plus en plus profonde entre ceux qui rédigent les textes régissant nos exercices et les hommes de terrains. Qui a bien pu auditionner la commission, si commission il y a eu, pour en arriver à proposer de telles aberrations ? Il me semble que nous avons affaire ici à la réminiscence d’un état tout sécuritaire. En effet, le décret, se veut fournir le maximum de garantie pour valider le statut de psychothérapeute. À qui est destiné ce décret ? Aux patients…ou aux électeurs ? Oui, je soutiens ce propos. Ce décret est un texte politique issu d’une pensée sécuritaire, n’accordant que peu de crédit à ceux qui ont en charge la formation des psychologues cliniciens. Ce qu’il faut ce sont des garanties. Montrer qu’on en a le souci, que tout sera mis en œuvre pour les fournir. Pour cela est niée la réalité des formations académiques universitaires. Mais cela déjà nombre de professionnels se sont élevés pour le dénoncer. Je renvoie chacun à la pétition proposée par le Professeur Albert Ciccone et ses collègues de l’université Lyon 2. Elle dit la juste colère qui monte chez les psychologues cliniciens dont le lot est, de longue date, de réaliser une très grande part des psychothérapies mises en œuvre dans les services de soins psychiques.

 

Mais le législateur dans son ignorance, et certainement sa volonté de garantir un nouveau métier, met en péril un dispositif destiné aux auteurs d’agressions sexuelles. En effet, depuis le décret de décembre 2005, les praticiens traitants pour les sujets qui sont en injonction de soins, ne peuvent être que les médecins psychiatres ou ceux ayant entrepris un cursus post études leur permettant d’avoir acquis une spécificité pour ces prises en charge et les psychologues cliniciens. Quels types de prises en charges font les psychologues cliniciens avec un auteur d’agressions sexuelles sous injonctions de soins ? Des psychothérapies. Ainsi faisant, les psychologues assurent la très grande part des prises en charges psychothérapiques tant dans le champ intra carcéral qu’en ambulatoire. Que propose ce décret ? Il vient, sans formations complémentaires qui en réalité sont déjà dans le bagage académique du psychologue, interdire à de nombreux professionnels de pouvoir poursuivre leur exercice psychothérapique, sauf à le faire « en douce », sans dire vraiment que c’est une psychothérapie. Mais que se passera t-il lorsqu’un sujet sous injonction de soins, se retournera contre le psychologue qui le prend en charge, sous couvert qu’il fait avec lui une psychothérapie et qu’il n’est pas labellisé pour cela, alors même que la loi le désigne comme tel ? Or, la population avec laquelle nous travaillons dans le champ des violences sexuelles, ne saurait être exempte de ce type potentiel de manœuvre visant à immobiliser le processus thérapeutique et à l’annuler. Par ailleurs, avec des sujets qui sont configurés sur des organisations limites, où souvent les défenses perverses de type clivage et déni prédominent, que signifie pour un professionnel d’exercer un soin qui ne peut dire son nom (psychothérapie), n’est-ce pas se mettre à fonctionner comme ces sujets, symétriquement : « je fais quelque chose que je sais illicite, mais je fais comme si je ne le savais pas ».

 

Ce décret sur les psychothérapeutes met donc en péril le dispositif de l’injonction de soins mis en place pour la sécurité des citoyens et financé par eux. Il risque d’annuler le travail d’implantation de procédures de soins qui en grande partie repose sur le travail des psychologues. Aussi, pour conclure, je vous propose une petite fiction, qui m’a été soufflé par nombre de ces professionnels : « Il ne paraîtrait pas incongru, aux psychologues, pour ne pas risquer de se trouver en position d’illégalité, de refuser d’initier, ou de poursuivre, les prises en charge psychothérapiques qu’ils ont déjà mises en œuvre avec les auteurs d’agressions sexuelles. Une forme de grève des prises en charge psychothérapiques. » Faudrait-il parvenir à la réalisation de cette fiction-là comme seule voie possible entre ce que leur interdit ce décret et ce que leur permet celui de décembre 2005, Et pourtant, pour nos jeunes collègues n’ayant pas cinq année d’exercice, toute autre position risque potentiellement de les conduire devant les tribunaux pour exercice illégal de la psychothérapie assigné précisément par celui que la loi les autorise à prendre en charge. Ainsi, sous couvert d’assurer le citoyen d’un maximum de garanties, on le prive d’autres, toutes aussi  nécessaires et qui, au-delà de la prévention, assure aussi sa sécurité et celles de ses enfants.

Journée d´étude 2011 du CRIAVS Rhône-Alpes : La Violence Sexuelle et la famille

La 3e journée d´étude du CRIAVS Rhône-Alpes se déroulera le Vendredi 4 Février 2011 au CRDP de Grenoble.

 

L´ouverture des inscriptions se fera mi-septembre 2010.

 

Plus de détails ici

Critique du rapport présenté à l’Académie Nationale de Médecine : Un nouvel outil sécuritaire : l’Académie Nationale de Médecine !

« La prévention médicale de la récidive chez les délinquants sexuels » E. Milgrom, P. Bouchard et J. P. Olié

Critique Par André Ciavaldini

 

En ce début d’été, s’est glissé dans nos boîtes aux lettres un petit rapport issu de l’Académie de médecine co-signé par Edwin Milgrom, (directeur de recherche à l’INSERM), Philippe Bouchard (Professeur d’endocriniologie) et  Jean-Pierre Olié (Professeur de psychiatrie, chef de service à l’hôpital Sainte-Anne). Rapport de 4 pages, très instructif, sur « La prévention médicale de la récidive chez les délinquants sexuels », avec une bibliographie de 29 titres. Rapport présenté le 22 juin et adopté ce jour malgré 6 NON et 17 abstentions.
Ce mini-rapport passe en revue les diverses méthodes de traitements avec un double axe : les thérapies antihormonales et les psychothérapies, il fait le point sur l’évaluation de la dangerosité et fournit des éléments sur les résultats des divers traitements. En conclusion et fort de ses lectures (29 titres !) et de ses auditions, trois recommandations sont faites.
En matière médicale, nous savons tous que certaines pathologies peuvent récidiver et il est donc normal que l’Académie Nationale de Médecine, tout à la fois observatoire et réseau d’expertises privilégié (financé en grande partie par l’État) se penche sur la prévention de telles récidives. Là où le bât blesse, c’est que les auteurs de ce rapport, pas plus que leurs lecteurs et électeurs, puisque vote il y a eu, ne semble s’être posé la question de l’emploi du mot « récidive » dans l’acception qu’il prend lorsqu’on l’accole au terme de « délinquant ». Dès lors de quoi parle t-on ? la délinquance sexuelle serait donc une pathologie ? À moins que la médecine ne se mette au service de la justice pour prévenir les récidives pénales, comme aux plus beaux jours de certain régime politique ! Convenons que venant d’une telle institution, fondée en 1820 et nanties de tous les honneurs de la science, le manque de réflexion du titre même de ce rapport est plus que gênant et peut même inquiéter et pourrait, chez certains, mal intentionnés, faire se poser la question : « À la solde de qui est cette noble institution ? ». Question, bien entendu, que je ne poserais pas pour la sérénité du débat. Lire la suite

Prévention : retour sur le comité de pilotage de l´agglomération grenobloise

Dans le souci de promouvoir des actions de Prévention Primaire et secondaire dans le champ des Auteurs d’Agressions Sexuelles la délégation de Grenoble a effectué plusieurs actions de sensibilisation auprès des travailleurs sociaux en formation initiale et continue :

- Le 24 avril près des moniteurs éducateurs en formation continue, d’éducateurs spécialisés à l’IUT Carrières sociale de Grenoble.

- Le 9 mai auprès des étudiants en formation d’éducateurs spécialisés de l’ESSSE de Valence.

- Le 25 Mai auprès des étudiants en formation de moniteurs éducateurs de l’IREIS de Chambéry.
- Le 10 mai auprès des étudiants de l’IFSI du CHU de Grenoble dans un module optionnel de santé publique

 

Nous avons également participé aux assemblées générales annuelles d’éducation santé Savoie et Isère qui nous ont permis de prendre en compte l’ampleur du travail effectué par ces structures « tête de réseau » en matière de Prévention malgré les restrictions de subventions.

 

Le Comité de pilotage sur la prévention des Violences Sexuelles dans le champ des auteurs a effectué sa 4ème réunion, l’occasion d’accueillir deux nouveaux partenaires l’Association SOS Incestes pour Revivre de l’Isère et un membre du Service Médico-Psychologique Régional (SMPR) de la Maison d’Arrêt de Varces-Grenoble qui travaille plus particulièrement en direction des mineurs dont des responsables d’agressions sexuelles.

La prochaine réunion du comité de pilotage prévention se déroulera le 07 octobre à 9h dans les locaux de la délégation de Grenoble du CRIAVS RA.

Délégation de St Étienne : accompagnement dans la mise en place du QICPAAS

Le CRIAVS-RA Délégation de Saint-Etienne poursuit son soutien à la mise en place du QICPAAS à l’UCSA de la Maison d’Arrêt de la Talaudière afin d’améliorer le repérage et les modalités de prise en charge des AVS.

Délégation de Lyon : groupes clinico-théoriques

Le  groupe clinico-théorique pour les professionnels qui prennent en charge les AVS majeurs sera mis en place dès octobre 2010.

 

Le groupe clinico-théorique pour les professionnels qui prennent en charge les AVS mineurs se poursuit à la rentrée.

 

Pour toute information complémentaire et inscription (date limite : début septembre), contactez le CRIAVS RA - Délégation de Lyon.

Délégation de St Étienne : Retours sur...

... Le 30 avril 2010 a eu lieu une intervention sur la question des « Auteurs de Violences Sexuelles » auprès de 40 élèves moniteurs éducateurs, ainsi que le 21 mai sur le thème plus large « Violence et Agressivité ».

Cela a vraisemblablement permis une approche plus complète de ces questions en travaillant également autour des ressentis et du vécu de ces futurs professionnels au contact des populations concernées. L’autre objectif était de faire se développer un point de vue plus distancié et plus critique de ces thèmes à partir de données psychopathologiques, pour améliorer les connaissances dans le cadre d’un parcours de formation initiale.

 

... Le 25 mai 2010 a eu lieu à Saint-Etienne une soirée d’information sur la clinique des Auteurs d´agressions sexuelles et les programmes de soins entre le CRIAVS et les psychiatres et médecins généralistes de l’agglomération, animée par le Dr Straub afin de préciser des éléments sur le partenariat envisageable, ainsi qu’un approfondissement psychodynamique sur la question des AVS. Le thème a également été abordé selon les mêmes modalités au Puy-en-Velay le 29 juin.

... Le 28 mai 2010 a également été organisée une intervention sur la prévention du suicide au Centre de Détention de Roanne auprès des visiteurs de prison, de la direction du  SPIP et des CIP en lien avec la question des Auteurs d´agressions sexuelles.

 

... Le 7 juin a été organisée dans nos locaux la première rencontre Santé-Justice de la Loire, en présence des Juges d’Application des Peines, de la Direction du SPIP de la Loire et du CRIAVS Délégation de Saint-Etienne. Ce contact a permis de déterminer un calendrier annuel de rencontres départementales auxquelles viendront s’ajouter le médecin coordonnateur, ainsi que les Juges pour Enfants et les Juges aux Affaires Familiales.

Ces réunions trimestrielles permettront d’échanger autour de situations, en complément des contacts déjà établis entre le médecin coordonnateur et la justice prévus par la loi. C’est pourquoi les échanges se feront de façon non-nominative dans l’objectif principal d’affiner les orientations de soins envisageables pour les AICS sous injonction de soin avec l’appui du CRIAVS et des plates-formes référentielles. Ces dernières assureront l’évaluation individualisée des différentes orientations de prise en charge qui pourront être proposées à ces patients sous main de justice.

Avant la prochaine rencontre prévue le 4 octobre 2010 chaque membre travaille à l’élaboration d’une Charte de Partenariat Pluridisciplinaire afin de garantir un positionnement déontologique commun, dans la diversité des interventions.

AGENDA

Soirées et rencontres du CRIAVS Rhône-Alpes :

 

* Délégation de Grenoble : 30 septembre 2010 :Intervention d´André CIAVALDINI, Dr en psychologie clinique - Psychanalyste (SPP – IPA), Directeur de recherches. Laboratoire de psychologie clinique et de psychopathologie. Université René Descartes Paris 5 , Directeur de programme. CRIAVS-Rhône-Alpes sur le thème " Groupe, groupalité et travail multidisciplinaire dans la prise en charge des Auteurs d´Agressions Sexuelles"

 

* Délégation de St Étienne : 06 octobre 2010: Intervention de Maurice BERGER, Pédopsychiatre, Psychanalyste, Chef de service en psychiatrie de l´enfant au CHU de Saint-Etienne sur le thème "La violence extrême"

 

* Délégation de Lyon : Le cycle de conférence des soirées CRIAVS pour l’année 2010-2011 reprend en Octobre prochain. Le programme définitif est en cours d’élaboration

 

Autres :

* Le 02/10/2010 - 3ème Congrès international AIVI : Briser le silence de l´inceste

 

Pour plus de détails consultez l´agenda en ligne

Documentation

Retrouvez chaque semaine les informations repérées nationalement concernant la presse, les derniers articles, rapports et autres documents publiés sur la thématique, la veille médias ainsi que la veille juridique.

Consultez les derniers bulletins et/ou inscrivez vous en ligne

 

* RAPPEL : Le centre de documentation du CRIAVS Rhône-Alpes répond à vos demandes documentaires et d´ouvrages gratuitement par email, téléphone ou directement sur place sur RDV à Grenoble. Consultez les informations concernant le fonds documentaire ou le fonctionnement du centre de documentation.

 

* THESEAS : Accès à la base de données documentaire nationale des centres ressource.

 

* Consultez la liste des acquisitions des mois juillet/août 2010 du centre de documentation

 

* SERVICES EN LIGNE :

 

- Consulter le panorama de presse de juin 2010

 

- Les dernières publications repérées et notamment :

. CORDELIER, Jeanne. Reconstruction. Paris : Phébus, 268 p.

. GAMET, Marie-Laure et MOISE Claudine. Les violences sexuelles des mineurs victimes et auteurs : de la parole au soin. Paris : Dunod, 2010, 256 p.

. La prévention médicale de la récidive chez les délinquants sexuels de MILGROM E/ BOUCHARD P/ OLIE JP/ BINET JL, Académie nationale de médecine, Paris, 2010, 4 p.

 

- Revue de sommaires francophones et anglophones (en collaboration avec le CRIR-AVS PACAC)

Consultez les bulletins hebdomadaires de la documentation

 

- Éléments repérés dans les médias : cinéma, expositions, télévision...

Diplôme Inter-Universitaire "Approches Cliniques, Thérapeutiques et Juridiques des Auteurs de Violences Sexuelles"

Rentrée 2010-2011 : inscriptions ouvertes pour ce DIU créé en partenariat avec l´Université Lumière Lyon 2, l´Université Claude Bernard Lyon 1 et L´Université Joseph Fourier de Grenoble.

Cet enseignement a pour objectif d´apporter une connaissance suffisante et actualisée des questions cliniques nécessaires pour la prise en charge thérapeutique des auteurs de violences sexuelles.

Il repose sur le principe d´une approche pluriaxiale: clinique, thérapeutique et éthique mais aussi pénale et judiciaire.

Il concerne les praticiens et les chercheurs (médecins, psychologues, infirmiers, travailleurs sociaux, juristes, sociologues, anthropologues...) qui désirent approfondir leurs connaissances et construire leurs pratiques dans ce domaine, au delà de leur formation initiale. 

Il participe à la mise en place d´une base de connaissances communes et au développement de réseaux pour des professionnels, souvent isolés, confrontés à un domaine clinique encore en recherche.

Enfin, il permet aux étudiants d´acquérir une formation spécifique en vue de leur orientation, et il peut participer utilement à la formation des cliniciens souhaitant s´orienter vers l´expertise pénale.

En savoir plus : programme, inscription, contacts

www.criavs-ra.org
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